dimanche 19 août 2012

Le Serpent aux mille coupures, dead on arrival

Extérieur nuit, quelque part dans la campagne française du sud ouest du côté de Moissac, des papys pieds nickelés qui ne supportent pas qu'un africain puisse reprendre une ferme le lui font payer. Au même moment et au même endroit trois dealers colombiens se font dézinguer. Pourquoi ? Comment ? Qui ? C'est ce que DOA (acronyme de Dead On Arrival) nous concocte dans son dernier opus « Le Serpent aux mille coupures ».

Quel drôle de titre ! J'attaque la lecture, comme d'habitude, dans mon petit train de banlieue et j'ai envie de comprendre le pourquoi de ce titre.

Mais revenons un peu sur l'auteur. Lors d'une interview en 2006 dans l'internaute, à la question « Pourquoi le pseudo DOA ? », il répond, laconique, « Parce que mon vrai nom n'intéresse que moi. Et puis cela veut dire Dead On Arrival, c'est un terme de médecine légale US, ça colle avec mon genre littéraire. ». « Le Serpent aux mille coupures » n'est que son quatrième roman, mais on y retrouve déjà la patte de l'auteur. Un style direct, sans fioriture, DOA avoue même se tourner vers l'école comportementaliste. Montrer la psychologie des personnages à travers ce qu'ils disent, ce qu'ils font, la manière dont ils se positionnent les uns par rapport aux autres entraîne forcément une épure. Cette histoire peut être lue comme une suite de « Citoyens clandestins », le roman qui l'a imposé auprès du public, on y croise l'un des personnages, mais force est de constater que l'enrobage est ici encore plus fin. Sans pour autant se lancer dans la littérature allégée, il faut bien reconnaitre qu'il ne nous laisse pas beaucoup de gras. Il nous plonge dans le réel sans échappatoire possible et à ce titre, on peut dire qu'il a atteint son objectif d'intégrer l'école comportementaliste. Le corollaire est que l'histoire nous prend, nous attrape et ne nous lâche pas. Elle est tellement haletante qu'elle en devient presque étouffante par moment. Les personnages sont malmenés. Les gentils embringués dans une histoire qui ne les concernent pas, les méchants par un code d'honneur, le héro solitaire empêtré dans ses états d'âme entre survie et folie, les cons confits dans leur connerie. Bref, il balaye large sur l'éventail des spécimens humains, sans jamais tomber dans la caricature. L'héroïsme n'est jamais loin de la lâcheté, la finesse d'esprit de la bêtise.

Un bon moment de littérature policière, bien rythmée et qui sait ménager le suspens jusqu'au bout. Un petit bémol sur l'aridité du style qui parfois rend la lecture un peu rêche, rien de dramatique cependant.

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