vendredi 13 janvier 2012

Anaisthêsia, délit de faciès ?

Désiré Saint-Pierre est un flic noir dans un commissariat blanc, vit dans une cité où aucun blanc n’aime mettre les pieds et est très en vue pour être l’icône de l’intégration en étant projeté sur le devant de la scène sur le dossier d’une serial killeuse blanche.

Bon d’accord, c’est simpliste, d’autant que Désiré à eu un grave accident de voiture qui l’a laissé défiguré, certes, mais surtout totalement insensible à la douleur, ce qui ajoute encore à la caricature en noir et blanc d'Antoine Chainas.
Pourtant, la lecture d'Anaisthêsia, roman très noir, réserve quelques surprises. Les premières pages nous arrivent en pleine tronche sans aucun repère temporel ou géographique. Le narrateur débite des phrases d’une froideur clinique qui listent des points de règlement appartenant vraisemblablement à la médecine légale à tel point que j’ai cru pendant quelques pages qu’il s’agissait d’un roman d’anticipation (et je l’ai même terminé sans vraiment avoir la certitude que ce n’est pas le cas), tout comme je ne sais toujours pas dans quelle ville l’action se situe (voire même dans quel pays) !

Le style est vif, très vif même, attention à l’excès de vitesse, plusieurs fois je me suis retrouvé en bas d’une page en me faisant la réflexion que j’ai oublié ce que je viens de lire… il y a du sang, des os broyés, du sexe, mais toujours avec les yeux de ce héros insensible. Du coup le roman perd en empathie. Il se lit comme un journal distribué à la sortie du métro, il n’y a pas d’analyse, pas d’affect que de l’information brute. C’est un peu dommage, on a du mal à s’attacher aux personnages ce qui rend la lecture un peu fastidieuse in fine. Au final, un roman atypique qui mérite qu’on s’y intéresse même si ce n’est pas le roman du siècle.

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