vendredi 17 juin 2011

Le Dahlia Noir, retour vers le futur

J’ai beaucoup hésité avant de me lancer, la taille de la bête étant sujette à me faire fuir. Il faut dire que je lis principalement dans le train et que se lancer dans la lecture d’un pavé a deux conséquences : avoir un surplus de bagage et le trainer longtemps. Mais n’ayant pas vu le film et ayant eu des échos favorables, je profite de l’approche de vacances pour me lancer dans la lecture du Dahlia Noir et de ses 505 pages.

C’est le premier livre de James Ellroy que j'ouvre et j’avoue que la plongée m’est d’emblée agréable. Le style est vif, nerveux et efficace et chaque page tournée incite à dévaler la suivante jusqu’en bas. On est embarqué dans un polar classique des années 50 avec ses flics investis d’une mission divine mais toujours borderline, des pépés comacs, des caves couards, du classique quoi. Le roman puise son inspiration dans un fait divers réel, celui du meurtre non élucidé d'Elizabeth Ann Short une aspirante actrice alors âgée de 22 ans retrouvée mutilée, coupée en deux au niveau du bassin et vidée de son sang dans un terrain vague de Los Angeles le 15 janvier 1947.
Le surnom de Dahlia noir donné à la victime viendrait soit de sa coiffure (ou d'une fleur qu'elle portait dans les cheveux), soit des vêtements noirs qu'elle portait quand elle a été assassinée. Au-delà des péripéties du héro, Dwight Bucky Bleichert, ancien boxeur atteint d’une passion obsessionnelle et dévorante pour la résolution de l’affaire, on découvre un Los Angeles de l’immédiate après guerre, avec ses nababs, son communautarisme (allemand, français, écossais, mexicain, noir, juif), son rêve américain (un écossais des bas fonds d’Aberdeen qui devient millionnaire, une fille paumée de Boston tente sa chance à Hollywood), le système judiciaire américain que nous, français, n’avons réellement compris qu’avec l’affaire Strauss-Kahn (le procureur veut une résolution rapide de l’affaire et gomme est facettes gênantes de la victimes et en faire un argument électoral pour les sénatoriales). Ce n‘est pas un pamphlet au vitriole, juste une peinture de cette société comme savaient le faire si bien Georges Simenon, Conan Doyle voire même Didier Daeninckx. Sujet, verbe, complément et on est réellement plongé dans cet univers au point que j’ai dû faire quelques recherches pour vérifier que le livre n’avait pas été écrit dans les années 50.

La postface du livre nous éclaire également sur la thérapie que constitue ce livre pour l’auteur dont la mère a été assassinée en 1958 alors qu’il avait 10 ans.

En bref, un livre à recommander absolument à tous les amateurs de polars bien ficelés, mais également à ceux qui aime les photos de Robert Doisneau, Willy Ronis, Henri Cartier-Bresson ou Robert Capa.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire